Sia 2020 : la coopération sur tous les fronts
Signature d’une convention avec la banque alimentaire ou sur la promotion des métiers, press dating sur la transition, lancement de produits régionaux ou agroécologiques, e-commerce, blockchain, job dating : le Sia concentre toute une dynamique coopérative. Par Hélène Laurandel
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«Les modèles économiques vont être bouleversés et transformés dans le contexte de transition que nous traversons », insiste Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, lors du press dating, nouvelle formule de la conférence de presse rituelle du Salon de l’agriculture, sur un stand arborant pour la première fois la nouvelle identité coopérative. En effet, pour présenter les travaux engagés par la fédération autour des transitions en cours, les collaborateurs des filières métiers et des directions transversales ont été mobilisés pour recevoir les journalistes présents. Et afin de donner davantage de visibilité aux actions sur le terrain, La Coopération agricole va établir un panorama des solutions en mettant à contribution ses fédérations régionales et ses filières métier (lire le témoignage p. 7). L’idée sous-jacente étant de pouvoir mobiliser les financements existants afin de mener à bon port une transition qui génère de nouvelles contraintes et des coûts, un des freins bien souvent à l’engagement sur le terrain.
Les agriculteurs sont déjà suffisamment sous tension pour leur en ajouter de nouvelles qui pourraient les mener à un geste fatal que le réseau Agri Sentinelles espère pouvoir détecter le plus en amont possible. Ce réseau initié par Stéphane Devillers, de l’union de coopératives Allice, compte bien déployer son action auprès des acteurs du terrain par des réunions en région (lire ci-dessous). Pour préparer cette mobilisation, ce réseau a réuni ses partenaires sur le stand de La Coopération agricole lors d’une table ronde.
L’accompagnement est également un point essentiel dans ces transitions avec une recherche continue de valorisation des productions. Le Sia a été le lieu de lancement de nouvelles initiatives par le secteur coopératif. Ainsi, quatre coops de la région Paca (Alpesud, Arterris Sud-Est, la CAPL et Groupe Provence services) ont présenté officiellement la nouvelle baguette Lou Pan d’ici. Une filière mise en place collectivement avec trois meuniers régionaux et plus de 150 artisans boulangers.
Bio, HVE, emballages recyclables
De son côté, la Cavac a fait muter son site Terre de Viande, créé en 2011, en un site plus complet, Coopcorico.fr, lancé l’avant-veille du Sia et riche de plus de 1 500 références, dont la moitié de produits d’origine animale. « 200 de nos producteurs sont référencés en tant que fournisseurs du site, précise Jérôme Calleau, président du groupe Cavac. C’est avant tout une démarche de mise en avant des produits. » Pour sa part, Savéol se lance dans la production de tomates bio sous serre et s’est engagée à faire certifier HVE l’ensemble de ses exploitations. Et pour aller encore plus loin dans la démarche, la coopérative maraîchère a présenté un nouvel emballage en carton 100 % recyclable. La transition agroécologique guide nombre de nouvelles actions et stratégies. InVivo a profité également du Salon de l’agriculture pour organiser une conférence de presse sur la 3e voie, à propos de laquelle l’union s’était déjà prononcée en présentant son plan à horizon 2030, fin 2019.
La loi EGalim pousse ces transitions en cours. Le 25 février au Sia, Didier Guillaume a signé une charte avec la restauration collective concernant l’objectif d’au moins 50 % de produits durables et de qualité, dont au moins 20 % de produits biologiques, dans les repas servis d’ici le 1er janvier 2022, et de favoriser pour tous les produits une alimentation ancrée dans les territoires. La Coopération agricole se positionne donc face à un tel enjeu avec 600 coops dans le bio, un engagement également vers la certification environnementale (100 % des coops viticoles d’ici 2025, démarrage en grandes cultures avec La Tricherie, Groupe Dauphinoise, Scara…). Le label coopératif Agri Confiance prend aussi un nouvel élan avec un référentiel revisité depuis l’an dernier et un nouveau logo dévoilé au Sia. Sa prochaine étape est de travailler à sa visibilité en B to B, puis en B to C.
Toute cette dynamique s’inscrit dans un élan plus large porté par la RSE, avec le label Coopératives so Responsables, délivré à quatre coops à ce jour et qui va être attribué à plusieurs entreprises d’ici l’an prochain. Ces voies prises sont confortées par la nouvelle loi sur le gaspillage et l’économie circulaire publiée en début d’année avec une nouvelle expérimentation lancée le 21 février sur l’affichage environnemental.
Des dons alimentaires
En matière de lutte contre le gaspillage, les coops passent une nouvelle étape avec la signature d’une convention entre La Coopération agricole et le réseau de banques alimentaires, afin d’inciter les coops en région à se rapprocher des banques alimentaires pour faire des dons et découvrir le site internet « click & don ». Dans cette même ambiance d’économie circulaire, le Sia a été également le siège de la signature d’une déclaration d’intention entre Adivalor et le pôle animal de La Coopération agricole pour le recyclage des emballages des produits d’hygiène animale.
Le retour du Conseil d’État attendu
Dans cette mouvance de transition, la ressource humaine joue un rôle encore plus essentiel. Cependant, les coopératives, comme l’ensemble du secteur agricole, ont besoin de mieux faire connaître leurs métiers. C’est dans ce sens que s’inscrit la signature d’une convention entre l’Ocapiat (opérateur de compétences — Opco) et les ministères du Travail et de l’Agriculture autour de la promotion des formations et des métiers, à bord du camion « Aventure du vivant » qui était stationné au Salon et fera un tour de France des collèges et lycées pour faire connaître les métiers agricoles. Signature à laquelle a participé La Coopération agricole, une des branches de cet Opco. Tout comme elle a participé à l’opération Meeting for Job avec, entre autres, un job dating durant lequel six groupes coopératifs (Axéréal, EMC2, Eureden, Scael, Sodiaal, Terrena) ont pu rencontrer une partie des 150 candidats présents.
Toutefois, pour avancer plus sereinement, le secteur coopératif attend un geste des instances publiques avec le recours déposé au Conseil d’État sur le principe de rémunération abusivement basse introduit dans l’ordonnance de la coopération parue en avril 2019. À ce jour, aucun retour n’a été fait. Tout comme Dominique Chargé espère pouvoir obtenir un délai de plusieurs mois pour la mise à jour des statuts coopératifs, dont les nouveaux modèles ont été publiés au Journal officiel du 25 février. D’autant plus qu’à la veille des élections municipales, La Coopération agricole veut faire entendre sa voix en tant qu’acteur du territoire et être force de proposition via un manifeste qui fera l’objet d’une tribune dans Les Échos.
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